INTERVIEW – Paul Personne, personne au bout du fil
Se frotter à un monde dans lequel il se reconnait de moins en moins, telle est l’équation que Paul Personne a cherché à résoudre avec son nouvel album. Entretien
Alors comme ça, paraîtrait que ce nouvel
album ne soit que le quinzième du nom si l’on ne s’en tient qu’aux
projets solo sous son nom. Franchement, on aurait pensé bien plus. Quoi
qu’il en soit, pas maintenant que Paul Personne va changer son fusil
d’épaule, ni sa guitare. Donc oui, comme sur pas mal des précédents, on
entendra sur le “p’tit dernier” des solos qui fleurent bon son Santana
de rigueur, des ambiances à nous laisser croire qu’une reformation des
Doors a bien eu lieu sans que quiconque ait eu l’idée de l’ébruiter, des
velléités de jam qui iraient faire tic toc à la porte des Allman
Brothers.
“J’ai ce disque dur d’influences dans
la tronche depuis l’adolescence, lâche notre homme. On pourrait penser
que les années passant, je m’en cogne un peu plus fort qu’on le
souligne. Mais je m’en suis toujours cogné ! Mélanger le blues à autre
chose comme tous ces gens l’ont toujours fait est quelque chose qui m’a
toujours touché. Pourquoi voudrait-on que je renie tout ça ? J’ai lu à
propos de je ne sais plus quel morceau de cet album une référence à Pink
Floyd. Ça me va, j’adore David Gilmour ! À sa façon lui aussi, il joue blues…”
Alors comme ça, on ne serait pas les
seuls à penser que le contraste entre des textes un peu chafouins,
mélancoliques à en frôler le désabusé, et un son de guitare toujours
lumineux, se manifeste de manière plus évidente au fil des années, une
signature qui ne dirait pas son nom, même si son nom est… Personne.
Enfin, à la scène. En gros, on lui en a parlé avant nous. C’est
quelqu’un qui lui a dit en quelque sorte. Quelqu’un à… Personne. Ok, on
arrête là. “Ce n’est pas quelque chose que j’entretiens en tout cas, prévient-il.
En fait, je ne m’en étais jamais
rendu compte avant qu’un pote m’en fasse la remarque, y compris dans le
fait que ma guitare exprime des émotions, des ressentis, que ma voix ne
fait pas. C’est la preuve que les deux forment une vraie
complémentarité”. La guitare comme supplétif à quelqu’un qui a
toujours voulu rester en retrait, qui se définit volontiers comme
introverti et mal dans ses pompes ? Une chance au tirage, une chance au
grattage… “De toute façon, je n’ai jamais eu tendance à déclamer, à me faire remarquer, insiste-t-il. Même sur scène ! Encore aujourd’hui, si je pouvais me cacher derrière un rideau quand je joue live, ça m’arrangerait…”
Alors comme ça, paraitrait que si cet album s’intitule Funambule,
rapport au fil de la vie dont il serait facile de tomber tant les
tentations sont grandes et les gens toxiques pour y aider sont nombreux,
c’est avant tout son sous-titre qu’il faudrait retenir : “Tentative de survie en milieu hostile”, plus symbolique du sentiment de l’intéressé depuis l’enfance et la cour d’école.
D’où aussi la tonalité générale d’un
album qui oscille entre un regard désabusé sur le monde et celui d’un
homme encore en colère. Contre les politicards. Contre l’impossibilité
de communiquer. Et contre l’irresponsabilité de l’être humain
supposément plus intelligent que toute autre forme de vie sur une
planète qu’il prend un malin plaisir – ou faussement inconscient – à
détruire. “La race humaine me désole chaque jour davantage, concède-t-il. Elle me désole, me déçoit, et c’est ce qui me met en colère. Mes deux vont de pair à dire vrai”.
Alors comme ça, paraîtrait que ce bon
Paulo va avoir 70 piges. En décembre pour être précis. Le 27 pour être
ultra précis. De notre côté, on ne va pas se la jouer, on n’a rien vu
venir. Bon, apparemment, lui non plus. Enfin, pas trop… “Ça m’inspire surtout de l’étonnement à être encore là, se marre-t-il. J’y suis arrivé alors que comme beaucoup de mômes de ma génération, être vieux, c’était loin quand on y pensait !”
En vérité, c’est le cap de la
cinquantaine qu’il a mal digéré, le Paulo. depuis, il s’en fout plutôt.
OK, la Les Paul, ça fait mal au dos parfois, mais ça va bien sinon :
“Je me dis que tant que ça peut, on saura faire avec. Après tout, Muddy
Waters et BB King ont très bien su gérer ça, non ? Ça laisse de
l’espoir !”. Le tout balancé dans un grand éclat de rire, histoire de dédramatiser encore plus l’échéance si besoin en était. Bientôt
70 piges ou pas, mal à la scène et mal en ville, peut-être une petit pu
trop fragile ou ni l’un ni l’autre tout à la fois, l’ami Paulo continue
à tracer sa route. Comme… personne. Comme cette belle personne qu’il a
toujours été, jusqu’à preuve du contraire.
Propos recueillis par Xavier BonnetFunambule (ou Tentative de survie en milieu hostile), le nouvel album de Paul Personne, est à découvrir par ici. Et vous pourrez retrouvez le musicien sur les routes de France aux dates ci-dessous :
05/03/2020 Saint Xandre – Agor
05/03/2020 Marseille – Le Moulin
07/03/2020 Toulouse – Le Bascala
10/03/2020 Pont l’Abbe – Le Triskell
12/03/2020 Le Mans – L’Oasis
13/03/2020 Argentan Quai des Arts
14/03/2020 Blois Théâtre Les Lobis (All That Jazz)
20/03/2020 Strasbourg – La Laiterie
21/03/2020 Besançon – La Rodia
22/03/2020 Dijon – La Vapeur
25/03/2020 Nantes Le Stereolux
27/03/2020 Paris – Olympia – date supplémentaire le 24 jui
29/03/2020 Bruxelles Le Cirque Royal
02/04/2020 Brest La Carène
04/04/2020 Lille – Casino Barrière
05/04/2020 Deauville – Casino Barrière
30/05/2020 Longlaville – Espace Jean Ferrat
31/05/2020 Gerardmer – Motordays
24/06/2020 Paris – Olympia – date supplémentaire
26/06/2020 Evreux – Rock in Evreux
28/06/2020 Tilloloy – Rock C Trop
02/07/2020 Cognac – Cognac Blues Passion
10/07/2020 Vienne – Jazz à Vienne
30/08/2020 Villars-les-Dombes – Les Musicales du Parc aux Oiseaux
rollingstone.fr
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