Sous fond de désir d’ascension sociale trafic de drogue, Cendres de Marbella (Antidata) d’Hervé Mestron dépeint avec un réalisme criant le quotidien tumultueux d’un jeune de cité en perdition. Ambition, réflexions et désillusions se mêlent au plein cœur de la vie d’un acteur du banditisme qui relate son existence à la première personne, avec ses états d’âme et son parlé.
Ziz, un banlieusard qui rêve de Marbella
Brillant, beau gosse et ambitieux, Ziz va mettre le nez dans la drogue. Son but ? Sortir de sa banlieue parisienne, « investir dans la légalité » et aller se dorer la pilule à Marbella. Soleil, plages, fiesta, la chaude cité andalouse fait tourner les têtes, aussi bien pour ceux qui vivent dans des barres comme pour ceux qui fréquentent les plus huppés des bars.
L’impressionnante gamme d’hôtels à Marbella, réputée comme la Saint-Tropez espagnole pour son côté jet-set, symbolise justement l’attraction de la ville. Mais franchir les Pyrénées n’est pas franchement une sinécure pour un gars comme Ziz. Car le quotidien d’un dealer est loin d’être un long fleuve tranquille.
La vie n’a d’ailleurs pas vraiment souri à Ziz, seize ans et demi. Empêtré dans sa cité, il n’a plus de parents, alors que son grand frère coule ses jours... en taule. Sans attache, il glisse alors inexorablement de l’autre côté de la ligne blanche ou plutôt en plein dedans.
« La thune ne poussait pas dans ma poche. Je suis entré dans le bizness parce que je voyais des gens bien sapés autour de moi. Frères Armani et Hugo Boss, je vous salue. Dans la rue, le Gaulois, il va se planquer pour fumer, pour rouler son pétard. Le mec de la barre Ravel, il va sortir son matos au grand air légal, comme un paquet de Granolas. La seule chose dont tu dois te cacher, c’est la famille, les anciens. C’est eux, pour nous, la police. Mais perso, comme je suis orphelin, je n’ai peur de rien. »
Grâce à son intelligence et à son ambitieux, le petit dealer va alors gravir les échelons de la criminalité à vitesse grand V. Au point d’être promu à la tête de son réseau dans les chics quartiers de l’Ouest parisien. En guise de couverture, Ziz change d’identité et devient Mat, un agent immobilier bien sapé et propre sur lui, enfin de prime abord. Cendres de Marbella souffle sur les braises toujours ardentes des trafiquants de drogue. Leur business, leur mode de vie, la coke, la flambe, la mort... la vie de ces hors-la-loi fascine autant qu’elle écœure.
Mestron, ce maestro
Hervé Mestron, qui a notamment reçu le Prix des jeunes Lecteurs 2010 avec Embrouilles à la Cantine (Archipoche), le Prix Littéraire de la Citoyenneté 2013 pour son roman Soupçons (Syros) ou encore le Prix Real 2016 pour Génération Mur (Bulles de Savon), fut sélectionné avec ce livre parmi les 40 ouvrages concourant pour le Prix Hors Concours 2017, remporté par Amandine Dhée pour La Femme brouillon (La Contre Allée).
Diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon (CNSM), Mestron joue sa partition avec maestria, mettant en scène et faisant retentir les mots à merveille par leur sonorité et leur rythme. L’auteur signe là une nouvelle prenante et trépidante à travers ces 78 pages qui défilent à l’allure d’un go-fast.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire