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Le créateur de guitare qui compose avec du bois abandonné
Trouver sa vocation
n’est jamais facile. On cherche, on tâtonne, on se lasse, on réessaie,
on abandonne. Jusqu’au jour où, par un hasard incroyable et guidé par un
instinct bricoleur, on se retrouve en train de poncer un morceau de
palette de bois pour en faire une guitare. C’est l’aventure de Jérôme
Zambar, 44 ans, ébéniste par défaut, devenu luthier par passion un beau
soir de novembre 2016 alors qu’il était assis devant la table basse
qu’il venait de confectionner à partir d’une palette. « Je n’avais pas
utilisé tout le bois et, en regardant les veines de ce bloc de pin, je
me suis rappelé qu’il me restait quelque part un manche de guitare, un
micro et un chevalet, raconte-t-il. Il y a très longtemps j’avais fait
un peu de lutherie. Je me suis dit que j’allais me fabriquer une gratte
pour déconner. »
Noctambule, il se met à l’oeuvre dans son
atelier-chambre et fabrique une première guitare : « Elle sonnait
vraiment bien. Je l’ai montrée à des amis musiciens et j’ai été surpris
de leurs bons retours. Et c’est parti comme ça. C’était en juin 2016,
c’est-à-dire hier, précise Jérôme. J’ai construit ces guitares uniques,
entièrement à la main et surtout sans aucune machine à part une scie
sauteuse, une perceuse et un ciseau à bois.
Tout le reste n’est
que patience et finition. Pas facile de découper un placage à la scie
égoïne. Ni de façonner le sigle Skelter à la perceuse. » Jérôme Zambar
travaille dans son coin, assisté pour les parties métalliques par
Margaux Hufschmidt. Depuis, il est devenu un expert en palettes. Selon
la couleur, il en connaît l’origine : orange pour le Canada, différents
bleus qui proviennent de France et d’Europe. « Le plus difficile est de
les démonter, précise-t-il. Il faudrait que je puisse assembler deux
pieds de biche pour que le bois n’éclate pas. C’est solide, ces
trucs-là. »
DR - Le plus dur ? Façonner le “S” de Skelter à la perceuse, sur le chevalet. Il
faut trois mois pour assembler ces pièces uniques. La seule chose qu’il
ne fabrique pas ce sont les manches. « Ceux qu’on trouve sur le marché
sont de bonne qualité. En revanche, je galère pour dégoter du bois de
palissandre ou d’ébène mais c’est encore possible en cherchant bien.
Pour le reste de l’accastillage et l’électronique, je choisis du haut de
gamme. » La première sortie d’une Skelter s’est faite en juin dernier,
au magasin Guitare Village, à Domont (95). Une semaine plus tard, Zambar
était présent au Salon de la guitare, à Puteaux. Il s’est retrouvé au
beau milieu d’autres luthiers atypiques. « Ça a été le déclic car j’y ai
rencontré de nombreux musiciens et reçu plein de bons retours sur mes
guitares. J’ai vu que j’avais ma place au haut niveau. »
À partir
de là tout s’enchaîne. Sa rencontre avec le bluesman suédois Bror
Gunnar Jansson avant son spectacle au Café de la danse. Une autre avec
la guitariste Lou Sordo. À chaque fois, Zambar apporte une guitare pour
qu’ils l’essaient. « J’étais sur un nuage quand Gunnar a accepté de
prendre ma guitare et qu’il l’a utilisée le soir même. Il l’a d’ailleurs
emportée en tournée. » Avec Lou, le courant passe aussi très bien. La
jeune femme est une amatrice de pièces rares qui sonnent bien. Elle
aussi est devenue une ambassadrice de choix.
Dès que l’occasion
se présente, Zambar prend ses instruments et n’hésite pas à présenter
ses créations aux musiciens qui le désirent. « C’est pour l’instant
encore du bouche-à-oreille et je suis obligé de tout faire : de luthier à
représentant. Mais ça commence à bouger, dit-il. J’ai reçu quelques
commandes, eu quelques articles de presse. Depuis que j’ai commencé,
j’en ai construit une quinzaine. » Elles se nomment The Lester, Thunder
Pumpkin, Stratosphère ou Starfire. Lui s’appelle Jérôme Zambar. DR - Malgré l’absence de noblesse des essences utilisées, les guitares ne bougeraient pas. Par Dino Di Meo skelter-guitars.cominfo@skelterguitars.com Retrouvez cet article dans le VSD n° 2105
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