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Harrison Ford dans Blade Runner, de Ridley Scott
Philip K. Dick, bien entendu informé de l'adaptation en cours de son roman par Ridley Scott, avec un budget significatif, n'avait jamais mis les pieds sur les lieux du tournage. Il s'était finalement résolu à faire un tour sur le plateau afin d'assister à une projection des premiers rushs du film. « J'ai reçu un coup de fil des secrétaires du département de la production pour me prévenir que Philip K. Dick arriverait à 15 heures », se souvient David Dryer, responsable des effets spéciaux du film.
Autant dire que la pression s'élève d'un coup : « Elle m'a dit de rassembler des séquences d'effets spéciaux pour obtenir le meilleur résultat possible. » Dryer réquisitionne la salle de projection d'Entertainment Effects Group, la boîte d'effets spéciaux responsables des trucages de Blade Runner, confortable, dotée d'un système sonore à réveiller les morts et capable de projeter un film en 70 mm.
« Vangelis [qui composera la bande originale du film] n'avait pas encore composé la musique, mais Matthew Yuricich [qui a créé les décors du film] avait pris l'habitude de peindre ses décors en écoutant d'anciens albums de Vangelis — il aime peindre en musique. Puisque nous avions déjà expérimenté une telle superposition, nous avons aussi décidé de passer du Vangelis en fond sonore, pendant que nous diffusions nos séquences », explique David Dryer.
Philip K. Dick arrive, et inutile de dire qu'il se fait remarquer : « Je me suis tout de suite rendu compte qu'il n'était pas content », se souvient Dryer, malgré le trajet en limousine payé par la production. « Pour commencer, il m'a reproché tout un tas de choses avec un ton grognon — il voulait savoir ce qu'il se passait, n'était pas du tout satisfait par le script, et ceci, et cela... »
Après une visite des studios qui laisse Dick sans réaction visible et une courte réunion avec le réalisateur Ridley Scott, Philip K. Dick s'installe dans la salle de projection. « Dick était un peu sur ses gardes », se souvient le réalisateur. Les lumières s'éteignent... Pendant vingt minutes, l'écrivain ne fait plus un geste, captivé.
A priori, il ne s'agissait pas d'une énième crise de paranoïa de l'auteur, qui meurt quelques mois plus tard, en mars 1982, alors que la sortie de Blade Runner est imminente... Ces souvenirs de tournage ont été recueillis par Paul Sammon dans le livre Future Noir : The Making of Blade Runner, publié par Dey Street.
La singularité des visions de Philip K. Dick — et les drogues qu'il gobait, aussi — a toujours rendu délicate l'idée d'adapter ses œuvres au cinéma. Au début des années 1980, quand il apprend que son roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, publié en 1968, va être adapté au cinéma, l'écrivain préfère se tenir très éloigné du projet. Jusqu'au jour où on lui propose une séance spéciale pour visionner une version préparatoire de ce qui deviendra Blade Runner...
Harrison Ford dans Blade Runner, de Ridley Scott
Philip K. Dick, bien entendu informé de l'adaptation en cours de son roman par Ridley Scott, avec un budget significatif, n'avait jamais mis les pieds sur les lieux du tournage. Il s'était finalement résolu à faire un tour sur le plateau afin d'assister à une projection des premiers rushs du film. « J'ai reçu un coup de fil des secrétaires du département de la production pour me prévenir que Philip K. Dick arriverait à 15 heures », se souvient David Dryer, responsable des effets spéciaux du film.
Autant dire que la pression s'élève d'un coup : « Elle m'a dit de rassembler des séquences d'effets spéciaux pour obtenir le meilleur résultat possible. » Dryer réquisitionne la salle de projection d'Entertainment Effects Group, la boîte d'effets spéciaux responsables des trucages de Blade Runner, confortable, dotée d'un système sonore à réveiller les morts et capable de projeter un film en 70 mm.
« Vangelis [qui composera la bande originale du film] n'avait pas encore composé la musique, mais Matthew Yuricich [qui a créé les décors du film] avait pris l'habitude de peindre ses décors en écoutant d'anciens albums de Vangelis — il aime peindre en musique. Puisque nous avions déjà expérimenté une telle superposition, nous avons aussi décidé de passer du Vangelis en fond sonore, pendant que nous diffusions nos séquences », explique David Dryer.
Philip K. Dick arrive, et inutile de dire qu'il se fait remarquer : « Je me suis tout de suite rendu compte qu'il n'était pas content », se souvient Dryer, malgré le trajet en limousine payé par la production. « Pour commencer, il m'a reproché tout un tas de choses avec un ton grognon — il voulait savoir ce qu'il se passait, n'était pas du tout satisfait par le script, et ceci, et cela... »
Après une visite des studios qui laisse Dick sans réaction visible et une courte réunion avec le réalisateur Ridley Scott, Philip K. Dick s'installe dans la salle de projection. « Dick était un peu sur ses gardes », se souvient le réalisateur. Les lumières s'éteignent... Pendant vingt minutes, l'écrivain ne fait plus un geste, captivé.
Philip K. Dick : “Il y a toujours de très forts préjugés contre la SF”
« Les lumières se sont rallumées, et Dick s'est tourné vers mois : “Vous pouvez le remettre ?” m'a-t-il demandé de sa grosse voix. Le projectionniste a rechargé la bobine et lancé le film. » Pour la deuxième fois, les lumières se rallument pour révéler un Philip K. Dick étourdi : « Dick me regarde droit dans les yeux et dit : “Comment est-ce possible ? Qu'est-ce que c'est ? Ce ne sont pas les images exactes, ce sont le ton et la texture des images que j'avais dans ma tête quand j'ai écrit ce livre ! L'environnement est exactement le même ! Comment avez-vous fait ça ? Comment avez-vous su ce que je pensais et ressentais ?” »A priori, il ne s'agissait pas d'une énième crise de paranoïa de l'auteur, qui meurt quelques mois plus tard, en mars 1982, alors que la sortie de Blade Runner est imminente... Ces souvenirs de tournage ont été recueillis par Paul Sammon dans le livre Future Noir : The Making of Blade Runner, publié par Dey Street.
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Flavorwire
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