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Alerte rouge: Punk slovène not dead !
Alerte rouge, tomaz Lavric TBC. Editions Ça et Là, 96 pages, 16 euros.
Alerte rouge est dans la sélection officielle “patrimoine” du Festival d’Angoulême 2020. Et c’est effectivement une page d’histoire méconnue que Tomaz Lavric (alias TBC) évoque. Une triple page même, celle de la fin du régime soviétique à l’Est, celle de la vague punk et celle de sa première bande dessinée, publiée originellement en 1996, le tout résumé en une formule : “L’anarchie au temps du communisme“, ainsi que le résume l’auteur de Fables de Bosnie dans sa préface.
Dans ce récit semi-autobiographique, Tomaz Lavric fait revivre la scène alternative yougoslave du début des années 1980. Alors que le rock reprend une vraie couleur contestataire en franchissant le rideau de fer, il connaît donc une ébullition à Ljubljana à travers divers groupes, dont “Alerte rouge”, le combo lycéen de “La Taupe”. Vingt ans plus tard, devenu graphiste et paisible père de famille, l’ancien batteur punk croise son ancien pote Mike, devenu patron d’une société de courtage. Occasion de se remémorer le bon vieux temps et la naissance, très anarchique, de leur groupe, la découverte fulgurante des Clash qui les pousse à devenir punks, les premiers concerts galère et divers épisodes plus ou moins cocasses ou dramatiques.
Dans un va-et-vient habilement géré, porté par un dessin en noir et blanc énergique, Lavric restitue avec une nostalgie mêlée d’humour – et un poil d’ironie satirique – sa jeunesse et l’évolution et les désillusions enregistrées vingt ans plus tard. Notamment les séquelles de la guerre dans l’ex-Yougoslavie, même si la Slovénie n’a été qu’effeurée par le conflit, transformant un ex-anarchiste virant skinhead en futur milicien puis en militant d’une formation nationaliste. Youri, “la Taupe”, résiste, lui, à ce glissement et non sans quelque difficulté, “crie vengeance contre les sombres traîtres à nos idéaux de jeunesse“. Punk pas totalement dead !
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