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Dr House chante du blues

Enregistré entre Los Angeles et la Nouvelle-Orléans, "Let Them Talk" constitue un véritable manifeste du blues typique New-Orleans. Une vraie surprise.


Hugh Laurie - Guess I'm a Fool par mostprod


Après l’avoir regardé dans la série Dr House, après avoir lu et relu son thriller "Tout est sous contrôle", c’est avec une certaine appréhension qu’on attendait cet album aux sonorités très blues, aux accents très Louisianais.



Dès le premier morceau, l’interprète nous replonge dans l’atmosphère des débuts du blues avec des harmonies et des arrangements très simples mais terriblement efficaces. Une longue introduction au piano ouvre l’album, et dès l’entrée de la voix nous retrouvons notre cher médecin si cynique. Hugh Laurie se plaît au fil des morceaux à marier les instruments, à plonger sa voix dans une ambiance très rythm’n’blues à laquelle nous ne sommes pas totalement étrangers. Cela rappelle en effet les premiers morceaux des Rolling Stones, eux-mêmes emprunts d’influences très blues dès leur débuts dans les "shakin’ sisxties". Les sonorités des différents instruments sont mixées avec beaucoup de brio.



L’album bénéficie d’une production solide et redoutable. On retrouve le très adulé Jœ Henry dans le siège du producteur, ce fameux songwriter passionné de blues. On est agréablement surpris par le savant mélange du piano et de la guitare slide, un peu moins par les arrangements de saxophone même s’ils restent fidèles au style abordé. On retrouve avec plaisir des instruments oubliés dans le blues, comme la clarinette et le violon.



Le jeu de notre cher Dr House est assez délicat, tant à la guitare que derrière le clavier, on découvre une grande sensibilité artistique et musicale pour notre grand bonheur. Vers le milieu de l’album on peut commencer à se lasser, les morceaux se ressemblent tous plus ou moins … mais une nouvelle voix féminine caresse nos oreilles et nous plonge à nouveau dans cet agréable et chaude ambiance de la Louisiane du début du siècle dernier. Un charmant duo vocal rappelle étrangement les envolées de Lisa Fisher (la choriste "number one" des Stones) et Mick Jagger.



On s’attendrait presque à entendre les doigts de Keith Richards sur un manche de Telecaster ! Plus loin, une pompe manouche, des phrases de guitare étrangement "Reinhardtiennes", toujours avec cette imperturbable voix au timbre si bluesy, légèrement éraillée, et un flot d’accent très "vintage".



L’album est réalisé avec peu d’audace technique, les instruments sont mixés comme à l’époque, sans artifices inutiles. Il y a l’essentiel, ni plus, ni moins. Même la batterie sonne comme une batterie des twenties, à croire qu’elle a été enregistrée avec trois micros, encore une fois comme à l’époque. Il n’y a que le piano qui bénéficie d’une prise de son "moderne", très proche, et ne laissant pas respirer l’instrument. C’est dommage mais ce n’est que le seul défaut majeur de l’album qui n’en est pas vraiment un dans la mesure où ce parti pris colle parfaitement au style.



Enregistré entre Los Angeles et la Nouvelle-Orléans, "Let Them Talk" constitue un véritable manifeste du blues typique New-Orleans, avec un mixage laissant à Hugh Laurie la possibilité de nous faire entendre ses talents incontestables de musicien multi instrumentiste, et de moderniser ce style de blues, de le remettre au goût du jour, mais sans trop y toucher. L’essentiel est là, Mr Laurie nous plonge dans les rues de la Louisiane des années 1910. On entend que l’artiste se fait plaisir, cela nous fait plaisir. On en redemande !

Un article du Nouvel Observateur

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